Saint-Chinianais

Le Maquis

Latourette



Armée Secrète,
Corps Franc de la Libération, Région R3-2.


Qui est Jean Girvès?



I/  Jean, le jeune officier.



Jean Girvès est né à Carcassonne le 10 janvier 1920, il est le fils du capitaine d'artillerie Georges Girvès, ancien de Polytechnique, et de Marguerite Desfour son épouse, issue d’une famille de Puisserguier.

Les Girvès viennent de Cerdagne, plus exactement de Llo , du temps où elle était espagnole, mais rattachée à la France par le traité des Pyrénées 7 novembre 1659.


En mars 1940, Jean a 20 ans, il sort 17ème sur 580 de l'école spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr et de la promotion « amitié franco-britannique », puis il est affecté à un corps de chasseurs postés où il est nommé sous-lieutenant, puis il se replie avec son dépôt à Périgueux durant la campagne de France au cours de laquelle il n’a pu combattre, puis il est envoyé successivement à Tours et à Périgueux.




      Promotion Amitié Franco Britannique





En octobre 1940 il est affecté au 16ème bataillon de chasseurs à pied de Limoges, puis le mois suivant il est rappelé comme aspirant à l’ESM, repliée à Aix-en-Provence. Nommé à nouveau sous-lieutenant en mars 1941 il est affecté au 8ème régiment de tirailleurs marocains à Meknès, Maroc, mais les allemands interdisent aux officiers de rejoindre l’Afrique du nord, il est alors dirigé vers le 8ème régiment d'infanterie à Montpellier puis il est affecté au bataillon détaché à Sète. En juin 1941, Jean rejoint pour de bon le 8ème RTM à Meknès, il est promu lieutenant en mars 1942. En permission en France en novembre 1942 alors que les alliés débarquent en Afrique du nord, il est affecté une nouvelle fois au 8ème régiment d'infanterie à Montpellier puis est placé en congé d'armistice.



II/  Jean, le résistant.



C'est en mars 1943 que Jean Girvès entre dans la résistance, dans l'armée secrète, comme chef adjoint du chef de secteur de Béziers.


Il participe aux réseaux de renseignements clandestins en étant messager puis collecte des informations précises sur les positions allemandes, entre-autres entre Sète et Béziers, il relève également les positions sur le secteur de Valras-Plage.


Fin 1943, il s'occupe également du dépôt clandestin d'armes de Béziers dont il fera des inventaires complets : nombre de mitrailleuses, mitraillettes, cartouches, grenades, amorces, explosifs... il s'agit pour la majorité de matériels parachutés.


Il réalisa également à l'aide de calques un grand plan de la garde Béziers qui servit très certainement au bombardement de celle-ci le 5 juillet 1944.


Ici ce sont de précieuses indications sur les fortifications :


Mais au printemps 1944, ses supérieurs hiérarchiques dont Jean Bène souhaitent créer un maquis dans les hauts cantons et lui demandent d’organiser un centre de rassemblement où doivent se regrouper le jour venu de nombreux résistants venus du biterrois. C’est à ce moment là que Jean Girvès devient le chef militaire de ce maquis en lui donnant son alias « Latourette », à 24 ans seulement !


Le choix d’implantation de ce futur maquis se porte sur un hameau dénommé « la Fraise », commune de Ferrières-Poussarou.


Zone escarpée, l’accès n’y est pas facile, surtout pour l’ennemi et offre des possibilités de replis pour ceux qui connaissent le secteur.

Durant des jours et des nuits Jean a du préparer et aménager avec son équipe (entre-autres Jalabetn Pitman, Viste…) ce point de rencontre en y installant une mitrailleuse, un poste émetteur, de l'alimentation et divers armements parachutés dont il tenait une liste exacte.


C’est à la Fraise, au soir du 6 juin 1944, que devaient converger de nombreux maquisards, mais bon nombre d’entre eux n’y arrivèrent pas car pris dans une embuscade sanglante entre Cébazan et Saint-Chinian.

De plus, peu connaissait la destination finale.


Cet épisode, « la tragédie de Fontjun » est encore très présent dans la mémoire collective locale.

Le Souvenir Français Saint-Chinianais lui a dédié un site internet :

https://www.fontjun.lesouvenirfrancais-saintchinian.fr/


Comme vous le verrez dans les pages suivantes du site, le maquis Latourette sous la houlette de son chef mène des opérations de harcèlement dans tout le  Saint-Ponais et au-delà. Sabotages, gestion des terrains de parachutages accueil de commandos parachutés Français et Britanniques, embuscades, bataille de St Pons.

Le maquis changera plusieurs fois d'emplacements au cours de l'été 44, les allemands toujours aux trousses.


Mais trop de petits maquis sont dispersés, ce qui les « évincent » quelque part des parachutages d’armes. Aussi, et suite à des réunions suivies d’accords des 7 et 11 juillet 1944, Latourette aura désormais sous ses ordres 4 autres maquis soit un total d’environ 600 hommes, ce qui aura son importance dans la gestion des combats de St Pons. Ces concentrations de maquis seront réalisées sous la houlette, entre-autres de Joseph Lanet, alias « Guiraud ».


Fin août, Georges, son père ou plutôt le Colonel  Girvès qui fut nommé Maire de Puisserguier sous l’occupation, ou plutôt Président de la Déléguation Municipale, pourra de sa terrasse et avec grande fierté voir son fils Jean défiler le 25 août 1944

en tête du convoi d’une partie de son maquis afin d’aller Béziers poursuivre la lutte.



Il occupe alors la caserne Du Guesclin, il est nommé chef de bataillon FFI.

Fin septembre 44, le maquis fusionne avec le groupe Cabrol de Francis Jouvin et constitue le deuxième bataillon FFI de l'Hérault ou bien appelé encore deuxième bataillon de marche de l'Hérault dont le commandement est confié à Jean le 16 novembre. Il rejoint Montpellier à la caserne Lepic. Le 15 décembre le deuxième bataillon FFI de l'Hérault est dissous, Jean est affecté à la compagnie hors rang du 81ème régiment d'infanterie comme officier adjoint au troisième bureau, il gagne le front d'Alsace avec son unité et participe à la campagne d'Allemagne comme capitaine FFI


Départ de Béziers du 2ème Bataillon.


Commandant la deuxième compagnie du 81ème R.I,

il entrera durant cette campagne, en premier à la tête de sa compagnie à Rastat.


En juin 45 Jean réintègre l'armée d’active comme lieutenant.


III/  Jean, dans l’après guerre.


Il est muté à la légion étrangère à Sidi Bel Abbès en Algérie en octobre 45. Il est affecté au régiment de marche de la légion étrangère en décembre 45, qui devient le deuxième régiment étranger d'infanterie, Jean embarque à Oran le 10 janvier 46 avec son unité pour l'Indochine. Il débarque à Saïgon en février 46 et participe aux opérations de maintien de l'ordre de la colonie française jusqu'en 1951. De retour en France Jean est instructeur à l'école d'application d'infanterie de Saint-Maixent en 52 et 53, puis en 56, est affecté à l'état-major d'Alger.


Il participe à la guerre d'Algérie au sein de la légion étrangère.


En 1962, de retour en France il est nommé officier de liaison avec les troupes américaines de l'OTAN. En août 1966 il reçoit le commandement de l'école des personnels féminins de l'armée de terres.


Jean est affecté de 68 à 70 au 164ème régiment d'infanterie à Verdun. En 1970 il crée le camp de Fréjus dont il assure le commandement jusqu'à 1972. Jean devient Colonel et termine sa carrière militaire comme délégué militaire départemental d'Eure-et-Loire de 1972 à 1977.


Il décéde en 1989 à Chartres à l’âge de 69 ans. Il repose au cimetière de Puisserguier.














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